Monday, July 19, 2004

Encyclopédie : Algérie Histoire

Algérie - Histoire
Le territoire de l'Algérie a été peuplé dès le paléolithique, ainsi qu'en témoignent les vestiges découverts à Ternifine qui remontent à 500 000 ans av. J.-C. Le pays est habité par des populations berbères avant même la période historique, et il est occupé par les Phéniciensà la fin du Ier millénaire av. J.-C. Placé dans l'orbite de Carthage, qui possède sur ses côtes de nombreux comptoirs, il connaît alors un essor commercial remarquable. Après l'effondrement de Carthage à l'issue de la deuxième guerre punique (202 av. J.-C.), il fait partie du royaume de Numidie et est l'objet des convoitises de Rome . Triomphant en 105 av. J.-C. de l'opposition farouche du roi Jugurtha, Rome donne la Numidie à la Maurétanie, avant d'entreprendre sa conquête en 46 av. J.-C. La colonisation romaine, qui permet l'émergence d'une brillante civilisation urbaine et vise à l'assimilation des populations indigènes, se limite toutefois à la zone côtière, tandis que les tribus berbères sont maintenues à distance par l'édification d'une ligne discontinue de fortifications, le limes. La région est christianisée dès le IIIe siècle apr. J.-C. et saint Augustin, évêque d'Hippone (Bône), témoigne de son rayonnement spirituel au Ve siècle. L'invasion des Vandales (429) désorganise le cadre romain, et la reconquête menée par Byzance (533) reste limitée à la côte orientale : dans le reste du pays se constituent des principautés berbères qui opposent une résistance acharnée à la conquête arabe, achevée par 'Uqba ibn Nafi' en 681.

L'Algérie musulmane

Malgré une islamisation rapide, l'Algérie retrouve vite une certaine autonomie par rapport aux califes Omeyyades puis Abbassides. Une hérésie religieuse, le kharidjisme, s'impose de 761 à 911 à Tahert, où se constitue le royaume des Roustémides. Les tentatives de reprise en main des califes Fatimides restent limitées : ils envoient vers 1050 les bandes armées des Banu Hilal, venus d'Égypte, pour soumettre les tribus berbères, mais le pays passe vers 1080 sous l'autorité des Almoravides, venus du Maroc, puis des Almohades. Ceux-ci constituent à partir de 1147 un grand empire maghrébin qui s'étend de l'Espagneà la Tunisie. Trop vaste, leur empire se morcelle dès le XIIIe siècle en plusieurs royaumes : ceux des Hafsides, des Mérinides et des Abdelwadides. Les limites de l'Algérie correspondent au royaume abdelwadide de Tlemcen (ou Tilimsen), fondée en 1235, et à la partie du royaume hafside qui englobe Bougie et Constantine.

L'emprise ottomane

Au XVIe siècle, les conquêtes espagnoles obligent les musulmans à faire appel pour leur défense à des corsaires turcs, dont le célèbre Khaïr ed-Dine, dit Barberousse. Mais ceux-ci en profitent pour s'assurer le contrôle de la plus grande partie du territoire algérien et se placent en 1533 sous l'autorité nominale de l'empire ottoman. Ainsi naît la Régence d'Alger, où le sultan est représenté par un pacha puis par un dey, plus autonome. Le pays connaît des rentrées d'argent massives, qui favorisent la constitution d'une oligarchie aisée. Aux impôts prélevés pour le compte du sultan, et dont une partie reste acquise aux agents qui les perçoivent, s'ajoutent les recettes de la piraterie et du rachat par les États chrétiens de leurs ressortissants réduits en esclavage. Stable et prospère jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la Régence d'Alger doit ensuite faire face à la diminution des profits de la piraterie, et à plusieurs révoltes religieuses ou kabyles.

À la suite d'une affaire particulièrement embrouillée de créances impayées, le dey Hussein soufflette en 1827 le consul de France. L'incident, mineur, est exploité par le gouvernement de Charles X, auquel il offre une diversion à ses graves difficultés intérieures : Alger est prise par le général Clauzel le 4 juillet 1830.

La présence française

En quelques mois, les Français occupent la plus grande partie du littoral algérien mais, en 1834, le nouveau roi Louis-Philippe n'envisage encore qu'une occupation restreinte qui ménage le pouvoir des chefs locaux de l'intérieur. Cependant, la résistance du bey de Constantine et surtout de l'émir Abd el-Kader, qui mène la guerre sainte contre les Français dans l'ouest du pays jusqu'en 1847, pousse la France à intensifier ses opérations militaires, dans lesquelles s'illustrent les généraux Bugeaud et Lamoricière et le prince de Joinville. Des rébellions sporadiques continuent toutefois d'éclater jusqu'en 1871, malgré une administration plus favorable aux indigènes sous le Second Empire. C'est alors que commence la colonisation systématique de l'Algérie : les immigrés européens, au nombre de 25 000 à peine en 1840, sont 109 000 en 1847. À la fin du Second Empire, on compte près de 130 000 colons français et 115 000 colons d'autres pays européens. Le décret Crémieux, qui accorde en 1871 la citoyenneté française à tous les juifs d'Algérie, creuse encore le fossé entre, d'une part, la minorité juive et les colons européens (les pieds-noirs) et, d'autre part, la population musulmane, qui est privée par le Code de l'indigénat (1881) de tous les droits politiques. Si elle permet la mise en valeur des terres, la construction de routes et de chemins de fer, et le développement du commerce, la colonisation, qui ne s'accompagne même pas de l'alphabétisation des masses musulmanes (moins de 6 % d'enfants indigènes scolarisés en 1929), aboutit à l'expropriation généralisée des paysans, obligés d'émigrer vers les villes ou vers la France métropolitaine, et marginalise les anciennes élites musulmanes. Exploitée par une partie des colons, acquise au nationalisme d'extrême-droite, cette situation entraîne à l'occasion de l'affaire Dreyfus (1898) une première explosion d'antisémitisme. Pour se rallier les colons, le gouvernement reconnaît alors à l'Algérie un statut particulier et la dote d'un budget spécial (1900).

La montée des revendications

La renaissance de l'islam au début du XXe siècle sous l'influence du mouvement de la Nahda coïncide avec la montée générale du nationalisme arabe dans l'Empire ottoman. Les revendications des Arabes ne visent d'abord qu'à obtenir l'égalité des droits avec les Européens. En reconnaissance du loyalisme des musulmans lors de la Première Guerre mondiale, la France accorde en 1919 certaines concessions d'ordre fiscal et politique qui ne touchent que quelques milliers de personnes. L'opposition se radicalise alors sous l'impulsion de l'émir Khaled et du cheikh Ben Badis, qui militent pour une Algérie indépendante et musulmane. Cependant, c'est surtout parmi les travailleurs émigrés en métropole que recrute le mouvement nationaliste et révolutionnaire, qui est conduit depuis 1927 par Messali Hadj. Le Front populaire, dont l'Étoile rouge de Messali Hadj est partie prenante, souhaite s'allier avec les modérés comme Ferhat Abbas (Farhat 'Abbas) pour entamer une véritable assimilation : le projet de loi Blum-Violette propose donc d'accorder la citoyenneté française à 50 000 musulmans, anciens combattants ou gens instruits. Malgré sa portée limitée, il est rejeté par les Chambres (août 1936), sous la pression des colons algériens. Cet échec accroît le crédit des nationalistes révolutionnaires, qui se trouvent dès lors également en butte à l'hostilité du Parti communiste français. La Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle Alger devient la capitale de la France libre et la tête de pont de l'offensive alliée en Europe méridionale, exacerbe le patriotisme algérien. L'action de Ferhat Abbas, auteur du Manifeste du peuple algérien (1943), qui rejette la politique d'assimilation, lui donne une base idéologique solide.

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Berbères


La marche vers l'indépendance

Le jour de l'armistice qui met fin à la guerre, le 8 mai 1945, les espoirs nationalistes s'expriment par des manifestations qui tournent à l'émeute, à Sétif et à Guelma ; la répression qui fait suite oppose désormais irréductiblement les communautés française et musulmane. Le 1er novembre 1954 la ‹ guerre d'Algérie ›, retardée pendant quelque temps par les divisions entre nationalistes, est engagée sous la bannière unique du Front de libération nationale (FLN). La guerre dure huit années, pendant lesquelles le fossé se creuse entre les musulmans et les Français d'Algérie. À la guérilla et aux actions terroristes du FLN répond une dure répression française. Quatre ans d'hésitation de la part des gouvernements successifs de la IVe République amènent les Français d'Algérie, le 13 mai 1958, à provoquer un mouvement, dont l'armée prend le contrôle. Appelé au pouvoir, le général de Gaulle laisse entendre que l'Algérie restera " française ". Pendant les dernières années du conflit, la rébellion subit de durs coups, et le FLN n'est plus guère actif sur le territoire algérien. Néanmoins, la situation politique en Algérie même, où l'indépendance est désormais fortement souhaitée par la population musulmane, incite de Gaulle à modifier sa position. La voie qu'il explore bientôt vers une autodétermination du pays retourne cependant l'opinion française d'Algérie contre lui : ‹ journées des barricades › en 1960, putsch des généraux en 1961 et formation de l'Organisation Armée Secrète (OAS).

L'Algérie indépendante

Les premiers temps de l'indépendance

Finalement, les accords d'Évian le 19 mars 1962, puis le référendum métropolitain, le 1er juillet de la même année, mènent à l'indépendance de l'Algérie, qui est effectivement proclamée le 3 juillet 1962. Un régime présidentiel est institué en 1963, dont Ahmed Ben Bella prend la tête. Celui-ci proclame sa résolution de donner à l'Algérie nouvelle des bases socialistes. Il nationalise et fait distribuer à des anciens combattants les terres abandonnées par les propriétaires français, en instaurant un système d'autogestion dont les résultats se révéleront décevants. Un système de parti unique est par ailleurs instauré et Ben Bella confirme son autorité. Cette évolution suscite une forte opposition au sein même du FLN, et le 19 juin 1965, le colonel Houari Boumediene prend la tête d'un coup d'État et devient le nouvel homme fort du pays.

Boumediene engage dès lors le pays dans un vaste programme de développement agricole et industriel sur des bases socialistes. La nationalisation, en 1966, des grandes compagnies minières et pétrolières étrangères ne résout cependant pas les graves problèmes économiques et sociaux que connaît l'Algérie. En mars 1976, l'opposition rend public un manifeste signé par de nombreux anciens chefs de la guerre d'indépendance (tels Ferhat Abbas, Ben Khedda et Kheireddine). La Constitution du 22 novembre 1976 stipule que le président, désormais titulaire de plus larges pouvoirs exécutifs et législatifs, est élu au suffrage universel, le FLN restant l'unique parti politique légal. Le colonel Boumediene est alors réélu à la présidence.

La politique du FLN

En politique étrangère, l'Algérie se range dans le groupe des pays ‹ non alignés ›, où elle joue un rôle important, et soutient parallèlement les revendications palestiniennes, en s'opposant notamment aux négociations israélo-égyptiennes de 1977, et en réunissant en février 1978 la conférence des ‹ pays du refus ›. L'Algérie est d'autre part entrée en conflit en 1975 avec le Maroc et la Mauritanie sur la question du Sahara occidental, et soutient le Front Polisario.

À la mort de Houari Boumediene, en décembre 1978, Chadli Ben Djedid lui succède à la tête du FLN, puis à la présidence de la République en février 1979. Chadli tente dès son arrivée au pouvoir d'assouplir le système économique, en favorisant notamment l'initiative privée, ainsi qu'en abandonnant la priorité accordée jusque-làà l'industrie lourde. Sa présidence est marquée par plusieurs vagues d'agitation politique : d'abord du fait des Berbères lorsque le FLN décide de considérer l'arabe comme l'unique langue officielle du pays puis, après juillet 1981, lorsque le gouvernement procède à une épuration, sous couvert de lutte contre la corruption, au sein de l'administration. La mauvaise situation économique et la hausse des prix des principaux biens de consommation s'ajoutent dès cette époque aux griefs de la population, provoquant l'agitation urbaine. Réélu à la présidence en 1984, Chadli mène une politique étrangère marquée par des relations renforcées avec l'URSS, mais aussi avec les pays occidentaux, notamment la France et l'Italie dans le domaine commercial.

L'Algérie en crise

L'Algérie connaît cependant une nouvelle période d'agitation politique à la fin des années 1980 (‹ émeutes de la faim › en 1988), et le monopole du pouvoir dont dispose le FLN se voit de plus en plus contesté. Le gouvernement s'engage alors dans une réforme démocratique qui doit prendre effet lors des premières élections législatives libres, en janvier 1992.

Déjà vainqueur des récentes élections municipales, le Front islamique du salut (FIS), mouvement intégriste religieux, remporte nettement le premier tour. Le gouvernement annule alors les élections et ajourne la réforme, mais la situation continue de se dégrader et Chadli est contraint de démissionner le 11 janvier 1992.

Un Haut comité d'État est alors immédiatement formé qui déclare l'état d'urgence, ordonne la dissolution du FIS et convainc Mohamed Boudiaf, un des chefs historiques du FLN en exil au Maroc depuis trente ans, d'en assurer la présidence. Les espérances que suscite l'arrivée de cet homme au pouvoir sont anéanties lorsqu'il est assassiné le 29 juin 1992, à Annaba. Ali Kafi le remplace à la tête du Haut comité d'État.

Les mouvements islamistes tels le FIS et le Groupe islamique armé (GIA) mènent une action clandestine et pratiquent le terrorisme, alors que le pouvoir est exercé par le Haut Conseil de sécurité, dominé par les militaires. Confrontéà une véritable guerre civile, où des mouvements clandestins tentent de terroriser la population et les étrangers présents sur place afin de réduire les liens du pays avec l'extérieur, le gouvernement algérien a renforcé sa légitimité en organisant, en novembre 1995, une élection présidentielle, à l'issue de laquelle le président Liamine Zeroual, désignéà la présidence le 31 janvier 1994, est confirméà son poste. Le président Zeroual mène une lutte sévère contre la guérilla islamiste, alors que celle-ci poursuit son action, multipliant le nombre de victimes parmi la population algérienne et les étrangers encore présents sur le territoire. Les groupes islamistes s'efforcent par ailleurs d'internationaliser le conflit en s'attaquant tout particulièrement aux intérêts et aux ressortissants français (détournement d'un avion civil en décembre 1994, assassinat de sept moines français au printemps 1996). Depuis 1991, l'Algérie s'est de fait enfoncée dans une guerre civile qui ne dit pas son nom et qui paralyse gravement le pays. Bien que l'Armée islamique du Salut ait demandé l'arrêt des combats en septembre 1997, les massacres de civils se poursuivent, notamment dans l'ouest algérien. La visite d'une délégation de l'Union européenne en janvier 1998 suivie de celle de neuf députés européens en février sont restées sans effet sur les tueries qui continuent à ensanglanter le pays.

Les tensions au coeur de la direction collégiale de fait (entre généraux laïques et officiers plus favorables à l'islamisme) conduisent le président Zeroual à provoquer une élection présidentielle anticipée : le 16 avril 1999, l'ancien ministre des Affaires étrangères du président Boumedienne, Abdelaziz Bouteflika, est proclamé vainqueur du scrutin (73,79 % des suffrages exprimés), alors que ses six compétiteurs se sont retirés, dénonçant des fraudes massives lors des premières opérations de vote. En mai, l'Armée islamique du Salut annonce l'arrêt définitif de la lutte armée.

Le 13 juillet 1999, le président Bouteflika propose une loi sur la concorde civile votée sans problème par le parlement et plébiscitée par référendum. Cette loi, qui prévoit d'amnistier ceux des combattants islamistes qui déposent les armes et qui ne sont pas impliqués dans des crimes de sang, suscite un immense espoir. Cependant, un an après l'instauration de cette concorde civile, la paix est de nouveau sérieusement menacée par une recrudescence de la violence sur le territoire algérien. Cette insécurité croissante crée un véritable climat de psychose au sein de la population. En outre, cette offensive de l'opposition qui s'ajoute aux graves crises économique et sociale affaiblit sérieusement la position du président en place.

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