Monday, July 19, 2004

Encyclopédie : Algérie / Oran

Algérie - Géographie
Façonnée par la conquête arabe et la mainmise ottomane, l'Algérie a aussi été profondément transformée par plus d'un siècle de colonisation française. Engagé depuis son indépendance dans un régime politique socialiste à parti unique, le pays a dû, peu à peu, faire face à une triple crise économique, politique et sociale. Celle-ci a favorisé l'émergence d'un fort courant islamiste qui, depuis les années 1980, s'oppose violemment au pouvoir politique et suscite une véritable guerre civile, qui paralyse le pays.

État d'Afrique septentrionale bordant la mer Méditerranée , bordéà l'ouest par le Maroc , à l'est par la Tunisie , au sud par la Mauritanie , le Mali et la Libye .

Le cadre naturel

Le territoire algérien se subdivise en deux grandes zones géographiques distinctes. La première zone, une bande de 200 à 300 km de large qui s'étend sur 1 200 km de littoral, concentre sur 325 000 km2 l'énorme majorité de la population algérienne. Au sud de cette bande, s'étend l'immense Algérie saharienne (plus de 2 millions de km2 ), domaine du désert .

L'Algérie méditerranéenne

Du nord au sud, le milieu naturel voit se succéder plusieurs cadres géographiques nettement distincts. Essentiellement montagnarde, l'Algérie septentrionale correspond au prolongement de l'Atlas marocain (Moyen et Haut Atlas). Elle se présente sous la forme de deux chaînes parallèles orientées est-ouest, l'Atlas tellien (ou Tell ) et l'Atlas saharien , résultant de la collision entre les plaques tectoniques européenne et africaine. L'Atlas tellien est le plus important de ces massifs (1 000 km de long sur 125 km de large). Il apparaît sous la forme de massifs cristallins dont l'altitude dépasse rarement 2 000 m. Dans sa partie orientale, ses formes sont massives (Edough , Kabylie ) et il est bordé de chaînes calcaires, argileuses ou gréseuses plus jeunes (Ouarsenis , Babors , Djurdjura ) culminant à 2 308 m. Dans sa partie occidentale, ses formes sont plus morcelées. Ces massifs délimitent des dépressions et des plaines comblées par des alluvions de l'ère quaternaire. D'ouest en est se succèdent ainsi les basses plaines du Sig et du Chlef , de la Mitidja (Algérois), de l'Isser et d'Annaba . Plus au sud, se localisent des plaines intérieures et des plateaux étroits (Tilimcin , Sidi Bel Abbès , Chéliff , Medjerda , Arib , Constantinois ). L'Atlas saharien (600 km de long) culmine, quant à lui, à 2 200 m, au Djebel Mzi . Dans son prolongement oriental, mais séparé par la dépression de Chott el-Hodna (400 m), s'inscrit le massif de l'Aurès (2 328 m). Issu du froissement de la couverture calcaire d'âge secondaire recouvrant le vieux socle, le relief de l'Atlas saharien est de type jurassien et se présente sous la forme de plis courts et espacés, tantôt creusés par de profondes combes de flanc, tantôt festonnés de chevrons sous l'effet de l'attaque du ruissellement. C'est entre ces deux chaînes de l'Atlas tellien et de l'Atlas saharien que s'intercale sur près de 500 km, de la frontière marocaine au Chott el-Hodna, la région des Hautes Plaines (70 000 km2 ). D'une altitude moyenne de 1 000 m, celle-ci présente une forte homogénéité et accueille, dans ses parties les plus basses, des lagunes salines plus ou moins desséchées. Plus au sud, le contact entre l'Atlas saharien et l'immense désert saharien s'effectue graduellement, par le biais d'un piémont formé par toute une série de glacis d'érosion modelés par le ruissellement et où se localisent des oasis.

L'Algérie saharienne

Développé sur un socle cristallin d'âge primaire surmonté par une couverture sédimentaire érodée et d'âge essentiellement secondaire, le désert du Sahara se caractérise par des volumes de précipitation dérisoires. Seuls quelques oueds y coulent (oueds Saoura et Tafassasset notamment), dont le lit s'est pour l'essentiel constitué lors des périodes pluviales du début du quaternaire. La végétation y est, de même, totalement absente, du fait de l'érosion éolienne et de la désagrégation mécanique (gel et dégel). Le paysage présente cependant une certaine diversité dans son modelé. Si les champs de dunes fixes de l'erg occidental et de l'erg oriental en constituent la forme la plus connue, la topographie est aussi accidentée par des dunes mobiles, des fossés d'effondrement, de vastes étendues de cailloux (regs ), des carapaces sédimentaires (hamadas ), ou encore des tapis de sel (sebkras ). L'altitude de cet immense ensemble morphostructural n'excède pas 200 à 300 m, mais le vaste terrain élevé entre deux failles, le horst d'origine volcanique de l'Ahaggar, culmine cependant dans le sud-est au mont Tahat , à 3 010 m.

Le climat

L'Algérie saharienne est clairement marquée par un climat aride (moins de 100 mm de précipitation annuelle dans sa partie nord, à peine 20 mm sous le tropique), ainsi que par des contrastes thermiques considérables entre le jour et la nuit. En revanche, l'Algérie méditerranéenne est sous l'emprise du climat méditerranéen. Ainsi, en période estivale, les hautes pressions subtropicales repoussent les perturbations du front polaire vers la mer Méditerranée, induisant des températures élevées ainsi que des périodes de sécheresse, surtout en juillet et en août. En hiver, au contraire, les hautes pressions migrent vers le tropique du Cancer, cédant alors la place aux perturbations humides en provenance de la zone tempérée. Cette Algérie méditerranéenne présente cependant de nombreuses nuances climatiques. La disposition des formes du relief oppose ainsi le littoral, qui profite des influences maritimes (atténuation des contrastes thermiques, précipitations plus abondantes), et l'intérieur, où la continentalité et l'altitude accroissent les écarts thermiques. Un fort contraste existe cependant entre l'ouest et l'est. Ainsi l'Oranie pâtit-elle de l'écran formé par le Rif et le Moyen Atlas marocain ainsi que par la Meseta espagnole, si bien que ses précipitations ne dépassent guère 240 mm. Les précipitations augmentent à partir d'Alger, pour atteindre jusqu'à 2 000 mm, en altitude, dans la région de la Kabylie. La faiblesse et l'irrégularité des précipitations, alliées aux problèmes de l'érosion, conditionnent donc très fortement les activités humaines.

Population et organisation de l'espace

Population

L'histoire de l'Algérie a fortement façonné la physionomie de son peuplement. Ainsi 80 % de la population est d'origine arabe , donc allogène, et résulte de l'invasion du Maghreb dès le VIIe siècle, puis surtout à partir du XIe et du XIVe siècle, par des nomades en provenance d'Arabie, d'Égypte et de Libye. Ce sont eux qui islamisèrent cette contrée, y développèrent leur civilisation et leur langue, et étendirent le nomadisme au détriment des cultures. Le reste de la population est constitué pour l'essentiel par les Berbères (5,5 millions), les plus anciens habitants du Maghreb. Bien qu'islamisés, ils ont su conserver leurs coutumes et leurs parlers traditionnels. Ils sont localisés dans l'est du pays, principalement dans les montagnes telliennes (Grande et Petite Kabylie , Aurès ). Modérée jusqu'au début du siècle, la croissance démographique augmente considérablementà partir des années 1970 : 1,6 % en 1967 ; 3,2 % en 1980 ; 3,1 % en 1992 ; 3,3% en 1998. Elle résulte en partie de la baisse de la mortalité infantile, ainsi que des difficultés auxquelles s'est heurtée la politique de planning familial . La population algérienne est donc en moyenne très jeune. Les moins de 15 ans représentent 44 % de la population totale, les plus de 60 ans seulement 5,8 %.

Une densité contrastée

Par rapport à l'immensité du pays, la densité de la population est très faible (12,7hab. au km2 ). Mais sa distribution spatiale révèle de très forts contrastes régionaux, 94 % des 30,2millions d'Algériens se concentrant en 1999sur 1,5 % du territoire, soit l'Algérie " utile " (Tell, Oranais, Algérois, Kabylie). En revanche, les 2 millions de km2 du désert saharien ne comptent en moyenne que 0,5 habitant au km2 . Alimentée initialement par un fort exode rural, puis relayée par un taux d'accroissement naturel élevé, l'urbanisation s'est accélérée depuis les années 1960, 60% de la population résidant dans les villes en 1999. Le maillage urbain s'est par ailleurs progressivement resserré, de nombreuses bourgades sont devenues des villes. De même, plusieurs villes nouvelles sont nées à la faveur de l'exploitation des richesses du sous-sol (Hassi-Messaoud , Hassi R'Mel , etc.). Si le littoral accueille l'essentiel de la population citadine, l'arrière-pays tend également à se repeupler grâce à l'industrialisation des petits centres ruraux (souvent promus au rang de chefs-lieux administratifs), avec l'implantation de services de niveau moyen (poste, télécommunications, etc.), voire supérieur, tels que des hôpitaux ou des cours d'appel (Oranie, montagnes telliennes, Hautes Plaines, Kabylie). Nombre de villes algériennes ne sont donc plus la simple concentration de chômeurs du secteur agricole. À l'inverse des capitales du Maroc et de la Tunisie, Alger n'a pas proportionnellement accru sa position dans la hiérarchie urbaine. Elle présente même une proportion moindre de citadins qu'au lendemain de l'indépendance. Corrélativement, les villes algériennes traversent une grave crise urbaine qui se traduit par l'insuffisance des logements et des infrastructures de base, la déficience des approvisionnements, la dégradation accélérée du bâti, notamment dans les centres historiques (médinas), et l'émergence de bidonvilles dans les banlieues.

Organisation de l'espace

Économie

L'économie algérienne, désorganisée par le départ brutal des Européens au lendemain de l'indépendance, a été dotée au cours des années 1960 de structures conformes à l'orientation socialiste du régime algérien : nationalisations, industrialisation lourde (sidérurgie à El-Hajar ; raffinage pétrolier et liquéfaction du gaz à Arzew ; industries de base à Annaba et à Skikda ) - planification rappelant celle suivie par l'URSS des années 1920. Devant l'échec de cette politique, ces orientations ont été progressivement infléchies au cours des années 1980 par le développement d'une économie plus libérale (ouverture du capital des entreprises aux intérêts privés, par exemple). L'industrialisation n'en reste pas moins formidablement concentrée sur quelques pôles littoraux, les décentralisations opérées par l'État dans les années 1980 n'ayant concerné que des activités de second ordre dans le cadre de la traditionnelle politique de substitution aux importations (filature-tissage, tanneries, conserveries, etc.). Mais cette industrialisation souffre de plusieurs faiblesses structurelles graves. Elle est très dépendante de l'importation coûteuse de biens d'équipement, de pièces détachées ou encore de technologies occidentales. Elle est surtout largement tributaire de l'exploitation des richesses pétrolières et gazières découvertes en 1956 à Hassi Messaoud et à Hassi R'Mel (avec respectivement 1 260 millions de tonnes et 3 000 milliards de m3 de réserves), qui assurent97% des exportations du pays en 1998, mais qui sont tributaires des variations du cours du brut. Le sous-sol algérien offre par ailleurs des gisements de matières premières qui font l'objet d'une exploitation systématique : cuivre, fer, mercure, phosphates, plomb, uranium, zinc.

Malgré le rééchelonnement de sa dette obtenu en 1994 et 1995 avec les Clubs de Paris et de Londres, la production industrielle ne cesse de baisser (1998 est sa sixième année consécutive de récession), la dette dépasse 71% du PIB et le chômage atteint 29% de la population active.

Agriculture

À l'image de l'industrie, l'agriculture a connu de profonds bouleversements à partir de 1962, avec la transformation en coopératives autogérées des 22 000 domaines laissés par les Européens. En 1971, une révolution agraire a redistribué 1 million d'hectares de terres, principalement au bénéfice de coopératives de production. Mais, en dépit du développement des infrastructures hydrauliques mises en place pour pallier l'insuffisance et l'irrégularité des précipitations (barrages, périmètres irrigués), la part de la production agricole n'a cessé de régresser. Ainsi en va-t-il des cultures héritées de la colonisation (vigne, céréales, agrumes). Cette agriculture souffre en outre de pesanteurs administratives multiples, de l'archaïsme encore considérable de ses structures et de sa faible productivité. Elle pâtit également de la concurrence exercée par l'urbanisation galopante et l'industrialisation. Pour toutes ces raisons, la couverture des besoins alimentaires par la production nationale n'a cessé de décroître : 70 % en 1962, 25 % en 1992.

kabyles
Sahara


Voir articles complémentaires :
Algérie - Histoire
Algérie - Culture

©Webencyclo des Éditions Atlas 2001 - Tous droits réservés

Oran
Ville et port d'Algérie, chef-lieu de wilaya, sur la Méditerranée.

Située entre le cap montagneux du Murdjajo (Santa Cruz) et la lagune temporaire d'une sebkha intérieure, Oran a longtemps tourné le dos à son excellent port, abrité des houles de l'ouest ; elle a étalé ses quartiers modernes sur le plateau, avant que son front de mer ne s'étende vers l'est. Seule la vieille ville, d'allure typiquement espagnole, étage le long d'un ravin ses modestes maisons et ses escaliers raides, qui contrastent avec les avenues bien tracées des quartiers résidentiels.

Le port, qui fut le plus important d'Algérie, est bordé par les docks et par des usines de transformation. Son trafic est constitué en majeure partie par des importations de produits manufacturés ; ses exportations proviennent des industries légères locales, ou consistent en denrées agricoles (céréales, vins, alfa), venues du Sud par une voie ferrée étroite ou la voie normale desservant les plateaux intérieurs (Sidi-bel-Abbès, Tlemcen) jusqu'à la frontière marocaine. Oran est reliée par un tunnel routier à la magnifique rade voisine, Mers el-Kébir, que la France avait aménagée en base navale pour contrôler à distance le passage de la Méditerranée à l'Atlantique. Ville universitaire depuis 1966, Oran est aussi un centre industriel et commercial à l'échelle régionale.

L'agglomération comptait environ 600 000 habitants en 1994.

©Webencyclo des Éditions Atlas 2001 - Tous droits réservés

0 Comments:

Post a Comment

<< Home